Quand Valérie Halfon prend la parole pour parler de budget, on écoute. Fasciné par l’enthousiasme communicatif qui se dégage de cette conseillère passionnée. Mais surtout, frappé de plein fouet par la pertinence de ses propos sur la gestion du budget familial, sur notre frénésie irrationnelle de consommation ou sur la réflexion à mener sur notre niveau de vie. Ces questions sont encore plus d’actualité lorsqu’on planifie un projet d’Alyah. Et que l’on se retrouve confronté à une perte de repères face au nouveau contexte économique israélien. Entretien exclusif avec la conceptrice de la « Slow shopping thérapie » (Avril 2017 aux Editions Albin Michel) qui nous livre ses recettes pour mieux gérer l’Alyah.
Le budget, la compta, ça vous branche depuis petite ?
Pour tout vous dire, je viens d’un milieu modeste et c’est là que j’ai appris à m’en sortir. De plus, à l’époque où j’ai fait mon Alyah – dans les années 90, il n’y avait pas beaucoup de travail en Israël. La révolution de la high Tech n’avait pas encore eu lieu. Les salaires n’étaient pas hauts ; il fallait donc se débrouiller avec ce que l’on avait. Le minimum, ou plutôt l’essentiel.
Aujourd’hui, c’est une véritable passion, portée par mes compétences – je suis diplômée de gestion à Paris Dauphine – qui me permet d’aider les gens. Surtout la passion de l’humain qui permet de transmettre des connaissances, des techniques pour bien gérer son budget en Israël mais surtout une philosophie, un savoir vivre.
L’idée maitresse : présenter les choses sous l’angle de l’enthousiasme. Donner envie aux familles de contrôler leur budget, de contrôler leur vie. D’ailleurs, mon livre … est à des années lumières d’une approche restrictive classique. C’est ce qui fait son originalité.
Construire son budget c’est construire sa vie. Nous pouvons décider de l’endroit où l’on veut mettre son argent. On ne se rend pas compte qu’on est manipulés et que nos comportements vis-à-vis de l’argent sont parfois tout sauf rationnels. Il est donc fondamental de comprendre ce dont on a vraiment envie / besoin.
Apprendre à maitriser son budget, a fortiori en Israël, c’est s’offrir une opportunité de changement exceptionnelle !
Comment avoir eu envie de vous intéresser aux questions de budget des Olim ?
Je suis moi-même passée par le processus de l’Alyah, en 1991, juste après mes études.
Après avoir construit ma vie professionnelle et familiale en Israël, j’ai découvert l’association Paamonim : une véritable révélation ! Cette association israélienne, constituée de bénévoles, se fixe pour objectif d’initier les familles, souvent lourdement endettées, à gérer leur budget et à sortir de la spirale infernale du surendettement.
Dans ce cadre-là, j’ai commencé à aider des gens, des israéliens tout d’abord. Et puis, je me suis rendue compte que de nombreuses familles francophones, issues de l’Alyah pouvaient avoir besoin de mon aide.
Dans le cadre de l’association, puis au cours d’Ateliers de Gestion budgétaire. Au point d’être envoyée France par l’association Paamonim et l’agence juive.
Le but de la manœuvre : préparer les futurs immigrants en Israël au choc économique de l’Alyah.
« Préparer les futurs immigrants en Israël au choc économique de l’Alyah »
Préparer avec eux un budget « ric rac » de façon à ce qu’ils ne tombent pas de haut après une année d’Alyah. Généralement, à moins d’avoir trouvé un emploi avant d’arriver en Israël, ils ne savent pas exactement combien ils vont gagner, quels seront leurs salaires nets en Israël. Il est donc plus raisonnable de construire un budget à minima, afin qu’ils soient préparés à cette éventualité.
A partir de là, nous essayons de mettre sur pied un budget à l’équilibre, avec les dépenses / le train de vie qui accompagne ces nouveaux revenus.
Y a-t-il un tabou par rapport à question d’argent et l’Alyah ?
Aujourd’hui, plus du tout ! C’est d’ailleurs l’Agence Juive qui me demande d’intervenir sur les salons de l’Alyah en France… J’en suis déjà à 7 salons !
De toutes les façons, les Olim, actuels ou à venir sont en demande. La construction du budget est une phase quasi indispensable à la préparation à l’Alyah.
Aborder les questions d’argent frontalement, cela peut refroidir quant à un projet d’Alyah. Mais cela peut aussi – et je dirais même surtout – rassurer. D’autant qu’il existe beaucoup de de mythes autour de la question brûlante : «combien faut-il pour vivre en Israël ? »
La plupart des mythes ne sont pas vrais. D’autant que la réponse à cette interrogation – légitime – à propos des sommes à prévoir pour vivre en Israël dépend du niveau de vie que l’on se fixe.
L’équation est simple : Il faut « tant » si on veut « tel » niveau de vie.
Et d’ailleurs, beaucoup de familles sont rassurées quand elles prennent conscience que l’estimation de budget pour maintenir leur niveau de vie en Israël c’est 12 / 13 000 shekels. Elles sont tellement dites qu’il leur fallait 20 000 Shekels par mois pour s’en sortir en Israël, qu’elles ont finalement été rassérénées.
Je me souviens par exemple d’un couple qui travaillait dur en France et qui était prêt bosser aussi dur en Israël. Qui souhaitait s’installer dans « 2 pièces » à Rishon Letsion. Ils disposaient de peu de qualifications, donc ils ne pouvaient pas s’attendre à des salaires mirobolants. ils ne désiraient pas avoir un niveau de vie particulièrement élevé ils ne voulaient pas posséder de voiture par exemple). Ils se sont rendus compte avec nos calculs que même avec de petits salaires ils allaient pouvoir vivre bien en Israël. Ils ont été rassurés.
A l’inverse, un couple qui m’a expliqué qu’ils gagnaient très bien leur vie en France et qu’ils jouissaient d’un niveau de vie élevé. Mais qu’ils ne feraient leur Alyah que di ils pouvaient conserver ce niveau de vie. On a chiffré précisément leurs besoins. On est arrivé à un chiffre avoisinant les 25000 shekels mensuels. A eux de voir s’ils pouvaient les gagner en Israël.
Chiffrer l’Alyah permet de sortir des mythes. De voir la réalité économique israélienne en face.
De façon générale, mener une réflexion sur sa consommation, poste par poste (logement, voiture, alimentation, éducation … et même consommation de cigarettes) accompagnée de tableaux, permet une prise de conscience saine de sa situation économique. Qu’on envisage l’Alyah ou pas.
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