Si vous avez été habitué à passer Lag Baomer dans une cave de région parisienne à la lueur de quelques bougies, ou dans un obscur Beit Habad au fin fond de la Bretagne, préparez vous à être illuminé. En Israël, Lag Baomer, plus qu’une coutume, est une institution que les israéliens ne prennent pas à la légère. Surtout les enfants, qui s’activent plusieurs semaines à l’avance pour préparer cette grosse soirée. Les 10 commandements qui suivent vous aideront à passer le meilleur lag Baomer de votre vie en Israël.
1. Un emplacement de choix tu réserveras
La clé d’un Lag Baomer réussi : trouver l’emplacement idéal. Suffisamment étendu pour qu’on ne confonde pas la “Médoura” avec celle du voisin. Suffisamment proche pour que même le voisin soit impressionné par la hauteur du brasier.
Plutôt facile quand on habite dans un petit village du Goush Etsion ou du Golan. Plus compliqué lorsqu’on est résident de Jérusalem ou de Tel Aviv. Mais les gosses israéliens des grandes villes, biberonnés à la Houtspa, loin de se décourager, n’hésitent pas à faire du moindre espace urbain leur terrain de jeu. Terrain vague, impasses, trottoirs… Prenez garde quand vous circulez, ça peut impressionner quand on n’est pas habitué.
2. Des billets de bus pour Méron tu achèteras
« Lag » Baomer, diminutif de « Lamed Guimel » Baomer, indique en valeur numérique le 33e jour du Omer. Mais oui, vous savez ce compte des 49 jours qui relient Pessah à Chavouot (ou de Pacques à Chabouot pour les lecteurs du calendrier du consistoire israélite de France) – La sortie d’Egypte au don de la Torah sur le Mont Sinaï !
Il se trouve que lors des 33 1ers jours, 24000 disciples de Rabbi Akiva ont trouvé la mort dans une épidémie envoyée par D… pour sanctionner leur manque de respect mutuel. Transformant une période heureuse en période de deuil, au vu des immenses pertes de sagesse occasionnées. L’épidémie s’étant interrompue le 33e jour, nous célébrons donc la fin du deuil à cette date.
Mais Lag Baomer, est également la date anniversaire de la disparition du Rabbi Chimon Bar Yohai, l’auteur du Zohar, œuvre fondamentale de la mystique juive. Et ou est il enterré, je vous le donne en mille ? A Méron, petite ville de Galilée, qui s’apprête à accueillir comme chaque année, une « Rav Partie » enflammée. Les flammes des « Médourot » dressées en son honneur, symbolisent les lumières des connaissances révélées sur terre par le livre des splendeurs. A vivre au moins une fois dans sa vie.
3. Du bois pour la « Médoura » tu rassembleras
La « Médoura », le brasier, à mi chemin entre le feu de camp et le feu de joie est l’élément central de la fête. On aurait pu se contenter d’allumer quelques bougies et de le placer sur le rebord d’une fenêtre, comme pour Hannouca. Mais comme on aime faire les choses en grand en Israël, surtout lorsqu’il s’agit d’allumer le feu, on a préféré disséminer des brasiers gigantesques aux 4 coins du pays.
Une tradition qui tourne inévitablement au concours. Qui aura la « médoura » la plus haute, la plus impressionnante, la plus flamboyante ? Telle est la question. Il est donc d’usage de faire feu de tout bois : palettes, vieilles branches, meubles vermoulus, échafaudages… accompagnés parfois de pneus ou d’essence. Une vraie « guerre des bâtons » que se livrent les gosses.
4. Des enfants tu amèneras
Les gosses, justement. Les « yeladim », comme on dit en hébreu, sont au centre du projet. Une véritable épreuve du feu pour ces chers bambins, qui mettent véritablement l’ambiance. Il faut dire qu’ils s’occupent de tout, avec leur bande de potes ou leur tribu du Bné Akiva : ils trouvent l’emplacement, rassemblent le bois, allument le feu, mettent l’ambiance en chantant et dansant autour du brasier, prévoient les provisions de saucisses et de Marshmallows. Avec tout ça, ça serait quand même dommage de ne pas les amener.
5. Amis et famille tu convieras
Passer « Lag Baomer » en solitaire, c’est un peu comme manger tout seul au réfectoire le midi, passer la saint valentin en célibataire ou voir la finale de la ligue des champions sur son smartphone. Un truc de looser.
Sélectionnez des amis, voire des membres de la famille triés sur le volet. Des personnes plutôt enthousiastes, qui ne râlent pas à l’idée de passer la nuit dehors avec lesquels vous pourrez partager bon nombres de bières et d’anecdotes hilarantes. S’ils savent gérer leurs gosses et qu’ils s’occupent du barbecue, invitez les en priorité !
6. Un livre de prières tu ouvriras
Lag Baomer est certes un jour de teuf mais au-delà du folklore, on prête une énergie particulière à ce jour propice à la bénédiction – la « segoula » beivrit. Les juifs pieux ont donc l’habitude de prier – non pas contre les vampires – pour trouver l’âme sœur, pour le mariage, une descendance nombreuse, l’étude de la Torah, un bon logement, la subsistance, la joie, l’éducation des enfants… De nombreuses prières à adresser à l’Eternel qui, portées par le mérite du Rabbi Chimon Bar Yohai auront toutes les chances de se réaliser.
En plus des prières personnelles, prévoyez un livre de Téhilim. Lisez le psaume 67 – de la splendeur et du remerciement à D.ieu – 7 fois dans la soirée azu coin du feu. Vous verrez, c’est radical !
7. D’arc et des flèches tu t’équiperas
Dans le classement des usages étranges auxquels l’Olé Hadach français doit se familiariser pour Lag Baomer, l’arc et les flèches occupe une place de choix. Enseigné à tous les enfants israéliens dès la maternelle, ce jeu recèle possède 2 significations symboliques.
- La 1ere, l’arc et la flèche symbolisent le pouvoir de l’intériorité, le pouvoir révélé par l’âme mystique de la Torah, comme l’explique le Rabbi des Loubavitch. Or en ce jour de commémoration, au-delà de la mémoire du Rabbi Chimon Bar Yohai, on célèbre surtout le dévoilement de la sagesse mystique juive par le biais de ses enseignements.
- La 2e évoquée dans le verset suivant “Comme des flèches dans les mains d’un vaillant guerrier, ainsi sont les enfants de la jeunesse.” est en rapport avec la Segoula du jour, d’engendrer une descendance aussi nombreuse qu’instruite.
Aux armes !
8. Des provisions tu emporteras
Pas besoin de vous faire un dessin. Ni même une liste de courses. Généralement, en matière de bouffe – qu’ils soient de France, d’Algérie, ou d’Israël – les feujs savent faire. Je compte donc sur vous pour organiser le barbecue, le « mangal » en hébreu. Ne lésinez pas sur les merguez, ni sur les bières, avec, si vous êtes vraiment sioniste, une petite préférence pour la Goldstar, bière israélienne de référence.
9. Les Mashmallows tu n’oublieras pas
Mmmmm … On n’écrit pas la bouche pleine !
10. Les règles de sécurité tu n’enfreindras pas
Pour paraphraser le poète : Ce qui va sans dire va encore mieux en le disant.
Faite gaffe de ne pas embraser votre baraque, votre quartier ou votre village, la combo produits inflammables + sécheresse + vent + enfants peut être dévastatrice. Munissez vous au mieux d’un extincteur, au pire de quelques seaux d’eau, d’une trousse de 1er secours et du numéro des pompiers en Israël : le 102.
Lag Baomer Sameah !