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« Comment je suis entré à la prestigieuse académie Bezalel, les « beaux-arts » Israéliens »

Emmanuel est un « pur artiste ». Authentique et  Sensible. Conscient du rôle essentiel de l’Art dans le monde, bien au-delà de considérations purement esthétiques. Quoi de plus naturel pour celui qui manie le crayon (mais pas la langue) de bois comme personne, d’intégrer la prestigieuse académie Bezalel, les beaux-arts israéliens ? D’autant qu’à l’instar du personnage biblique, Betsalel – qui avait été chargé par l’éternel lui-même de traduire l’infinie beauté de la création / l’infinie grandeur du créateur au sein même du tabernacle – Emmanuel s’ingénie à mettre son art au service du Spirituel. Retour sur le parcours hors normes de ce juif né en France… et de cet artiste né en Israël.

Ton parcours jusqu’à la prestigieuse Académie d’Art et de Design Bezalel

Pour tout comprendre il faut remonter à l’année 1998 : La France gagne la coupe du monde, mais surtout je tiens mes premiers crayons, à l’âge de 3 ans. Comme vous respirez, je dessine. J’ai toujours ressenti le besoin de mettre sur papier les pensées, les images, les idées, et surtout le sentiment qui s’ancrait en mon cœur et dans mon esprit. Je lis une aventure d’Astérix, je rigole, je dois dessiner Astérix. Je m’esclaffe devant Chaplin, je dois le peindre. Les Beatles me font découvrir la couleur, Jackson le rythme, et au fil des artistes que je croise, mon style s’affine.

Mais qu’est-ce qu’un don si on ne le comprend pas ?

Un danger.

À quinze ans je vendais mes premiers tableaux, de jolies images de Pop-star bien commerciales. Je réalisais également mes premiers “clips” vidéos.

Vous savez, on a beau croire en vous, vous affirmez que vous devez exploiter cette passion, tant que vous n’avez pas saisi qu’il s’agit d’une véritable responsabilité, une seconde nature, alors rien ne peut y changer : vous êtes en danger de mort artistique. Imaginez une boule de feu noirâtre, qui se loge dans votre ventre, et qui grossit, lentement, doucement, qui vous alourdit au fil des années. Tellement progressivement que vous ne pouvez comprendre à quel point ce fardeau prend de la place. De temps à autre un vent créatif vous attrape et vous pouvez lâcher un peu de pression, mais ce n’est jamais assez, très vite la “routine” vous rattrape et vous n’avez plus le temps, car il y a toujours plus important.

Un jour, vous faites le bilan : Vous vous rendez compte que vous avez déjà tenté plusieurs voies différentes, de la communication, de l’informatique, vous vous êtes lancé des défis comme apprendre l’hébreu, passer des examens de langues étrangères, passer l’examen de psychométriques. Parmi ces expériences, il y en a certaines dont vous êtes très fier, comme être devenu guide, qui vous permet de partager votre amour d’Israël.

A priori tout pourrait aller bien : mais vous êtes incomplet.  Il manque une pièce. Vous  ne comprenez pas pourquoi, mais le bonheur n’est jamais atteint entièrement et la frustration grandit, grandit, et grandit.

Mais un autre jour se lève, et grâce à Dieu, vous voyez à présent vos parents comme un rocher solide toujours là à vous soutenir. Vous voyez votre femme qui ne demande qu’à vous voir vous épanouir. Elle, regarde au fond de vos tripes et voit ce que vous n’avez jamais vu, ou du moins jamais osé regarder. La boule de feu noir.

Celle-là même qui me rendait las et fatigué, qui m’enlevait tout espoir à court-terme, qui me coupait l’herbe sous les pieds à la moindre idée, celle qui remplaçait mon optimisme de la vingtaine par une fausse maturité quasi-cynique.
Une fois libéré, on ose rêver.

“Si vous le voulez ce n’est pas un rêve” disait Herzl
(Eh oh, on est sur alyah.fr il fallait bien que je la place celle-là !)

Ce qui n’était pas imaginable au début de cette longue interview sur mon Alyah, est devenu mon quotidien : Je suis étudiant à Bezalel.

Tes études artistiques à Bezalel

Pour l’instant, c’est dans la section Cinéma et Vidéo que j’étudie, en attendant de me spécialiser dans l’animation. Ce qui est formidable avec une école d’Art c’est que c’est un véritable booster de créativité. Vous avez beau étudier la menuiserie, quand vous voyez vos co-étudiants peindre, filmer, ou photographier, vous finissez par toucher à tout et à apprendre au contact des autres.

D’ailleurs, poussé par ce formidable élan de création, je viens tout juste de créer ma société de graphisme et communication visuelle : “Alimi – Art & Graphic design” qui me permet de mettre mon savoir-faire au service des autres.

J’approfondis également beaucoup “mon art”, celui du portrait, et de la peinture en général.

Ton rapport à l’Art

Je parlais tout à l’heure de comprendre l’instinct créatif. Je dois dire que la pensée hassidique et les enseignements du Rav Kook m’ont beaucoup aidé à comprendre de quoi il s’agissait. Je crois en réalité avoir compris qu’un artiste par définition “réalise” ce qui est “imaginaire”, matérialise le spirituel.

Seulement c’est également une responsabilité. On peut faire passer des messages avec l’art, mais au-delà des messages, provoquer des émotions.

On peut provoquer des guerres, des révolutions, réveiller des sentiments mélancoliques et dangereux. On peut faire croire à la paix dans une dictature, et à une dictature dans le pays le plus libre du monde. Si on se permet de politiser l’art, il devient propagande, et donc dangereux. car meurtrier parfois.

Je crois qu’il incombe à l’artiste de rendre le monde plus beau, plus joyeux, plus fort, plus courageux.

Ton regard sur l’apport des artistes francophones à l’art Israélien

En ce qui me concerne, je ne suis pas sûr qu’il y ait un “apport” particulier des artistes français (actuels) en Israël, pour la simple et unique raison que l’Art est Universel. Les artistes israéliens apportent autant d’inspiration aux artistes français que les français en apportent au monde.  Les dernières productions télévisuelles israéliennes en date n’ont par exemple rien à envier aux grosses productions hollywoodiennes.

En revanche ce que la culture française peu apporter de manière inéluctable, c’est le goût de l’Art.

Ayant grandi en France, je ne me rendais pas compte de l’omniprésence de l’art et du savoir-faire artistique français. Mais en réalité, en France, chaque publicité pour parfum, chaque emballage de chocolat est réfléchi, pensé comme une œuvre d’art. Cet “œil” aiguisé et sensibilisé aux “belles choses” peu effectivement redonner de l’importance au paysage culturel israélien, un vent de fraicheur sur la vision que l’on se fait de l’art,  allant de la peinture au théâtre, en passant par la télévision.

En cela, le projet du “Kikar HaMusica” initié par Laurent Levy illustre parfaitement mon propos. Ce complexe de musée-galerie-restaurant-bar, place l’art au sommet, et donne également la cadence qui fait battre le cœur du nouveau centre-ville de Jérusalem.

Pour ce qui est des artistes, Israël en regorge : Gadi Dadoun éblouit depuis des années avec ses œuvres si lumineuses, qu’on entend presque la musique qu’il se déchaine à peindre.

Côté francophone, il n’y a pas de quoi rougir non plus; Yitshak Bezançon dont les peintures ont la capacité de revivifier le plus morose des hommes. Qui d’autre que Yoel Benharrouche pour représenter le mariage entre liturgie juive et art moderne ? Mais encore Dan Groover et Mumbaz qui, dans des styles plus “frais” se démarquent encore un peu plus.

Alors à tous les artistes (en herbe, frustrés, accomplis, reconnus, méconnus) j’affirme aujourd’hui qu’Israël est une terre où l’art se vit avant tout, et c’est en cela qu’elle permet aux artistes les meilleures conditions d’épanouissement.

Emmanuel Alimi
www.emmanuelalimi.com/

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