Ce témoignage super instructif, riche et émouvant concerne une famille, deux parents et deux enfants à l’âge de l’adolescence arrivés en Israel il y a un an. Je recommande à tous ceux qui se posent la question “Alyah Maintenant!” de le lire avec attention et de lire les notes d’explication en fin de l’article. Ils apprendront énormément sur tous les aspects de la Alyah!
Ezra(1): Merci chère Sabrina d’avoir accepté de répondre à nos questions afin que d’autres familles de France suivent votre exemple et nous rejoignent en Israel. Pourrais-tu te présenter?
Sabrina: Nous sommes originaires de la région parisienne, nous avons mon mari et moi 41 ans.
Avec mon mari et nos deux filles, 13 et 15 ans, nous avons fait notre alya, voilà près d’un an et avons reçu avec joie et émotion notre Teoudat Zehout (carte d’identité israélienne) le 01/08/2013 à l’Aéroport Ben Gourion à 04h00 du matin !

Ezra: Aviez-vous préparé votre alyah?
Sabrina:Nous avions tout préparé en février 2013, durant un voyage d’étude. Nous étions venus passer une semaine à Tiv’on(2) pour préparer notre installation, à savoir le choix des écoles et de notre habitation sur les conseils avisés de ma sœur et de mon beau-frère qui habitent à Tiv’on. Nous avons trouvé une maison à louer et rencontré la directrice de l’école, puis le professeur de maths qui parle très bien français ce qui a été un point très important pour le choix de cette école. Nous avons aussi rencontre Ketty Pardo-Roques, qui nous a donné beaucoup de bons conseils très utiles et nous a aidé dans notre intégration.
Ezra: Qui est Ketty Pardo-Roques (3)?
Sabrina: Ketty, francophone, est responsable à la ville de Haïfa de l’aide à l’intégration des olim ayant choisi cette métropole pour s’y installer.
Ezra:Comment s’est passée votre installation dans votre nouveau logement?
Sabrina: Nous avons reçu notre cadre quelques jours après notre arrivée, après une bonne semaine nous étions bien installés
Ezra:Comment s’est passée l’intégration scolaire de vos enfants?
Sabrina:A notre arrivée, nos deux filles 12 et 14 ans, ont fait 15 jours d’oulpan(4) à Haïfa, ce qui les a mises un peu dans le ”bain” avant la rentrée scolaire 15 jours plus tard.Elles ne parlaient pas du tout l’hébreu (5),elles savaient juste lire et écrire, elles avaient été 4 ans au Talmud en France. Elles étaient les seules olim de l’école.
En ce qui concerne les enfants, je dois dire que 14 ans c’est l’âge limite car pour ma fille ainée, ça a été très difficile. Elle aime Israël, ce n’est pas le problème mais elle a quitté tous ses amis qu’elles avaient depuis 8 ans, avec qui elle était depuis le CP et bien sur ses grands-parents et cousines.
Donc cette première année a été très difficile émotionnellement. Heureusement que grâce à tous les outils actuels elle n’a pas du tout perdu le contact avec aucun d’entre eux. Les débuts ont été compliqués à l’école, tout le monde était très gentil, mais elle ne comprenait rien et s’ennuyait énormément en cours, en pensant qu’elle était en train de rater son programme de 3ème en France.
Et puis petit à petit elle a commencé à se faire des amis, à sortir, à parler hébreu de mieux en mieux … bref à s’intégrer. Et puis elle a fait d’énormes progrès en Anglais(5), c’est assez impressionnant.
Toute l’équipe scolaire l’a félicitée pour le travail qu’elle a fourni cette année, elle a eu d’excellentes notes dans les matières ou elle a pu être notée. Elle rentre l’année prochaine au lycée avec option Chimie et Biologie.
En ce qui concerne ma seconde fille de 12 ans, cela a été plus facile cela est dû certainement à l’âge mais aussi à son caractère. Elle s’est très vite fait des amis et s’est mise à parler hébreu et anglais à vitesse grand V. Tout cela sans perdre contact avec sa meilleure amie en France. Elle est même tombée amoureuse … Et aussi elle apprend l’arabe. Elle a fini l’année avec 94(6) de moyenne générale, les professeurs étaient très satisfaits de son travail et des efforts qu’elle a fournis.
Ezra:J’imagine que cela n’a pas toujours été facile pour toi et pour Michael de voir vos deux filles se mesurer avec des problèmes d’intégrationdifficiles?
Sabrina:Mon mari et moi sommes très fiers de nos filles à qui nous n’avons pas laissé le choix de cette décision(7) de lieu de vie. Cependant, elles n’étaient pas contre mais elles avaient peur, nous leur avons laissé un an et demi pour s’habituer à cette idée. Nous sommes intimement persuadés que nous avons le meilleur choix pour elles, pour leur avenir, dans ce pays qui est le nôtre et le leur. Et ce malgré les difficultés que nous leur faisons traverser. Quant à moi, je suis surtout très attentive au bien être de mes filles. Donc la situation n’a pas été facile tous les jours, beaucoup de larmes partagées avec elles.
Ci –dessous interview par une copine d’école de mes filles publiée dans un magazine d’ado Roch1.

Ezra: Comment s’est passée la période de l’Oulpan (4)?
Sabrina:Vers mi-octobre, mon mari et moi avons commencé l’Oulpan. Les 5 mois d’oulpan avec mon mari ont été un moment que j’ai apprécié particulièrement. Je me suis sentie cadrée, entourée, maternée par notre professeur d’oulpan. Nous étions au niveau aleph(5): je savais à peine lire et écrire.
Nous avons beaucoup travaillé, deux heures de devoirs minimum par jour plus les 5 heures de cours journalier. Nous avions mis beaucoup d’espoir dans l’oulpan, pensant que nous ressortirions bilingues!!!!! En fait pas du tout l’oulpan c’est merveilleux il faut le faire absolument, ça nous a appris toutes les bases de la langue, mais ça ne nous apprend pas à parler. Nous sommes avons fini notre oulpan avec un niveau Guimel.
Nous avons vécu chaque fête à travers l’oulpan d’une manière très festive et ludique. Nous avons rajeunit de 20 ans! Voici une photo de nous à Pourim

Ezra: Comment s’est passée votre intégration professionnelle ?
Sabrina : Alors après 7 mois en Israël, j’ai eu peur car je ne maitrisais pas du tout la langue. Il ne faut pas oublier que j’ai 40 ans et notre cerveau n’est pas aussi efficace qu’il y a 20 ans, malgré tous les efforts que l’on peut faire et la bonne volonté que l’on a.
J’ai commencé à chercher du travail via les sites internet, LinkedIn, les réseaux sociaux…. bref rien … aucun retour. J’ai 17 ans d’expérience dans mon métier de Contrôleur de gestion et de chef de Projet BI, mais je n’ai pas un BAC+4; pas de Toach Richon….
Je ne sais pas pour quelle raison je n’ai pas eu de réponse(8).
Grace à ma famille israélienne, j’ai trouvé un travail à côté de chez moi où il faut parler français. Je fais un travail qui n’est pas le mien ‘Marketer’ mais qui est plutôt agréable, dans un mochav avec une ambiance très sympathique.
Là où la chute est douloureuse, c’est au niveau des salaires. Nous savions très bien que les salaires étaient beaucoup plus bas en Israël mais à ce point pas du tout(9). Mais on s’habitue, on gère les choses différemment, on s’adapte.
Mon mari travaille à Rambam pour une mission de 3 mois dans son domaine, l’informatique.
Ezra: Avez-vous des amis en Israël ?
Sabrina : Nous nous sommes faits des amis français, américains, israéliens, anglais et colombiens que nous voyons toujours aujourd’hui et nous nous parlons en Hébreu tant bien que mal.
Ezra: Comment vous voyez la suite?
Sabrina : Petit à petit les choses se stabilisent. Moi je suis en poste. Les enfants se sentent mieux, surtout la grande. Maintenant il faut absolument progresser en hébreu et remonter la pente économique.
Alors nous faisons tout ce que nous pouvons et je suis persuadée que nous y arriverons car nous sommes très motivés.
Ezra: Quel bilan fais-tu de votre Alyah près d’un an après?
Sabrina : Cette première année passée a été d’une richesse hors normes. Nous avons découvert des facultés d’adaptation chez chacun d’entre nous que nous ignorions jusqu’à présent.
Nous avons passé des week-ends incroyables; (nous ne sommes pas shomerei shabbat); nous n’avons pas cessé de faire de tiyoulim (10)aux quatre coins du pays.
Nous nous sommes rendu compte qu’ici nous vivons tous les jours, alors qu’en France c’est un peu comme si nous ne vivions que pendant les vacances.
Ici, c’est un plaisir d’aller au travail, et de profiter de la vue du Carmel, je suis encore émerveillée tous les jours des paysages qui défilent sous mes yeux.
Nous avons fait exactement ce que nous voulions, venir vivre en Israël, car nous aimons ce pays qui est le nôtre. Il ne faut pas avoir peur de l’inconnu, cette aventure est loin d’être facile mais elle est merveilleuse.

Ezra: C’est la première fois que vous vivez une situation ou Israël, cible d’une pluie d’obus et de missiles dangereux fait face .Es-tu inquiète?
Sabrina: Je suis très confiante, j’ai eu plus peur pour mes filles en vacances en France que pour nous ici. La situation en France est de pire en pire, on a encore pu le constater avec ce qui se passe actuellement en France. Depuis leur retour de France, elles savent où est leur place, en Israël et elles ne se posent plus de question c’est devenu une évidence.
Propos recueillis Juillet 2014.
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