Raphaël n’a pas fait son Alyah par idéal. Son parcours en Israël depuis la France en 2011 semble pourtant prouver le contraire. Baccalauréat, programme d’intégration de l’agence juive, service militaire (de 3 ans s’il vous plait) en unité combattante, formateur dans la 1Ere prépa obligatoire au programme Mahal… Il décide même, avec quelques anciens potes de Tsahal, Olim Hadashim comme lui, de créer une association, Tsahal Connection, pour aider les futures recrues francophone de l’armée israélienne à mieux appréhender cette étape cruciale du service militaire. Il nous raconte son étonnant cheminement des bancs de l’Oulpan de Haifa aux soirées d’info de son association en passant par des opérations militaires en Cisjordanie. Entretien vérité avec un idéaliste connecté.
Quand a commencé à germer chez toi l’idée de l’Alyah ?
Plus jeune je n’ai jamais été un grand partisan de l’alyah, mais lorsque mon frère est parti vivre en Israel en 2007 et qu’il s’est engagé à l’armée une année plus tard, alors je pouvais voir combien il était épanoui grâce à l’alyah et l’armée. Je ne sais même pas s’il s’en rend compte mais je n’aurai certainement jamais fait mon alyah si mon frère était resté en France, même si on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.
Ton Alyah de France : comment ça s’est passé concrètement ?
Concrètement c’était un peu compliqué. J’ai eu mon bac en 2010 et je voulais absolument venir en Israël faire une année d’intégration ou un programme Massa puis rentrer à l’armée et faire le meilleur des services militaires possibles, un peu comme tous les jeunes francophones post-bac.
Mon Alyah à Haifa
Maintenant je voulais aussi être près de mon frère qui habitait à Haïfa et qui venait de commencer ses études à l’université du Technion après son service militaire. Le seul programme Massa sur Haïfa à l’époque était « Massa Prépa » qui consistait dans un premier temps à étudier et à se préparer aux tests psychométriques grâce à des cours intensifs et aussi à apprendre la langue à l’aide de l’Oulpan Etzion qui se situe en bas de la ville, le quartier du port de Haïfa. Ce programme massa étant élitiste et n’acceptaient à l’époque (je ne sais pas pour aujourd’hui) uniquement des personnes avec un bac mention bien minimum, j’étais personnellement loin du compte avec un baccalauréat obtenu de justesse et donc j’ai dû abandonner cette idée.
Raphael lors d’une journée d’enrolement de jeunes Olim à Tsahal
Au final je ne trouvais pas de programme avec une base solide pour s’intégrer après l’année du baccalauréat en 2010 et ma mère ne voulait pas que je fasse l’alyah. Au final je suis resté un an en France ou j’ai eu le temps de vraiment réfléchir sur quoi faire et où j’ai pu préparer mon alyah financièrement et surtout mentalement.
Pas d’hébreu, pas d’intégration !
Après plusieurs conversations avec mon frère et un arrangement avec le programme d’intégration de l’Oulpan Etzion de Haïfa, j’ai décidé de faire mon alyah en Octobre 2011 et de commencer le programme une semaine après mon arrivée en Israël. Le programme s’est extrêmement bien passé, je n’étais qu’avec des anglophones donc j’ai pu parfaire mon anglais d’un côté et puis j’étais très assidu à l’oulpan car la phrase qu’on me répétait sans cesse était « pas d’hébreu, pas d’intégration ».
Vers la fin du programme qui durait 6 mois et qui consistait à la découverte du pays par des voyages et à des cours d’hébreu intensif, j’ai même trouvé un travail en tant que serveur qui a pu m’aider à m’améliorer et à m’affirmer. Je savais très bien que j’allais rentrer à l’armée dans les mois qui allaient suivre ainsi j’étais dans l’obligation d’être prêt au niveau de la langue.
Dans quelles circonstances es-tu entré à l’armée en Israël ?
Quelques temps après mon alyah, mon frère m’a expliqué que l’armée donne à chaque nouvel immigrant une année « blanche », c’est-à-dire que le nouvel immigrant ne reçoit aucune convocation de l’armée pendant les 6 voire 9 premiers mois d’intégration. Mon objectif était d’annuler cette année « blanche » et de pouvoir rentrer dans les rangs de Tsahal environ 6 mois après mon alyah. Au final je suis rentré à l’armée non pas 6 mois après mon alyah mais un an après.
Guivati et rien d’autre !
Malgré l’aide obtenue, je ne connaissais rien au système militaire israélien. J’ai parlé avec mon frère sur quelle unité choisir et j’ai décidé de suivre ses pas et de m’engager dans les rangs de la brigade Guivati après la formation pour olim de trois semaines dans la base de mihvé alon (nord d’Israël).

Pendant cette formation pour olim, on nous avait demandé qui voulait participer aux tests pour devenir parachutiste et j’avais refusé car je ne savais même pas ce que c’était. Dans ma tête c’était juste Guivati et rien d’autre. On m’avait aussi proposé de faire le « yom sayerot » qui est une journée qui permet d’accéder aux tests pour recevoir les meilleures unités combattantes de l’armée israélienne mais j’ai aussi refusé car je ne savais tout simplement pas ce que c’était.
Devenir soldat en Israël, était-ce un rêve de gosse ?
Honnêtement, pas du tout. Mon rêve c’était de devenir journaliste sportif (rires). Les temps changent et les priorités aussi. Jamais je n’aurais pu prédire que je deviendrai soldat dans une unité combattante en Israël. Maintenant je l’ai fait et avec fierté et d’ailleurs aujourd’hui je suis un réserviste assez actif (environ 40 jours par an).
Comment se sont passés tes 1ers contacts avec Tsahal ?
Honnêtement je n’ai jamais été directement en contact avec Tsahal jusqu’à mon premier entretien avec eux. Mon frère m’a mis en contact avec … Galith, une Ola Hadasha fraichement libérée de l’armée. En y réfléchissant je ne sais même pas de quelle organisation elle venait, si elle faisait ça par volontariat et qui elle était. Je ne pense même pas l’avoir assez remerciée car au final c’est elle qui a fait toute les démarches à ma place. Elle m’appelait pour me dire quel jour j’avais mon tsav rishon (premier entretien avec l’armée), deuxième rendez-vous etc. Je n’étais clairement pas assez reconnaissant à l’époque donc je profite de cet interview pour la remercier pour tout ce qu’elle a fait car maintenant que je comprends le fonctionnement du monde de l’armée, alors je sais qu’elle a beaucoup donné pour moi et tous les autres olims.
Je suis arrivé au Tsav Rishon sans être prêt
Bref, elle m’a appelé après 4 mois d’alyah pour me dire que j’avais une convocation pour le tsav rishon. Je ne savais même pas ce qu’il y avait là-bas et j’y suis allé tout sauf prêt. Au final j’ai quand même réussi à avoir des bons résultats mais si à l’époque, je ne comprenais pas vraiment à quoi ça servait.

Je voulais servir dans une unité combattante donc hormis le profil médical je ne comprenais pas l’intérêt des différents tests lors de cette journée. On m’a aussi fait un test d’hébreu et à leur grande surprise, j’ai été exempté des trois mois d’oulpan prévus pour les Olim Hadashim mais je devais par contre commencer mon service militaire par une formation de trois semaines dans la même base dans le nord (mihvé alon) qui consistait à faire des classes et à apprendre le monde militaire.
Raphael Madar
Président de l’association Tsahal Connection
054-905-6016
www.tsahal-connection.com
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