Eretz eretz eretz...
« Aimés sont les enfants d’Israël
qui sont appelés les enfants de D. (Avot 3-18) “comme ceci ou comme cela, ils sont appelés
les enfants. » (Kidouchin 36a) “Et D.. dit a Avraham : quitte ton pays, le lieu de ta
naissance et la maison de ton père vers le pays que je t’indiquerai et je ferai de toi une
grande nation… » (Berechit 12, 1-2) D. désirait qu’Avraham devienne un peuple puissant et
nombreux, féru de moralité et d’intégrité. Ce qui implique une vision de notre rôle intéressante
: notre but serait-il d’être dans ce monde une masse d’idéalistes? Si l’en était ainsi, la
définition de peuple ne serait plus nécessaire, voire dérangeante. Car une nation, une
collectivité, est généralement composée d’une pluralité d’individus, il serait donc de prime
abord difficile de concevoir la réalisation d’une société monolithique d’idéalistes. Mais là
n’est pas notre finalité, D. n’y aspire point. Il aspire à nous voir devenir une véritable
nation, un grand peuple, divin, thoranique et moral : « Je ferai de toi un grand peuple » est-il
dit à Avraham. Que veut dire un “grand peuple”? La Thora explique cette expression
(Devarim, 4,7-8) comme suit : un peuple grand dans la Thora et la Tefilla. En effet, quel est
le peuple assez grand pour avoir des divinités accessibles, comme l’Eternel, notre D.
l’est pour nous, toutes les fois que nous l’invoquons?
Et quel est le peuple assez grand pour
posséder des lois et des statuts aussi bien ordonnés que ceux de cette doctrine que « Je
vous présente aujourd’hui »? Tout est dans cette double affirmation : humanisme et
judaïsme, Thora et reconnaissance de l’Eternel. Comme il fut décrété il y a bien
longtemps, Israël ne devra se préoccuper que de son devenir de peuple. Or, le concept d’un peuple
sans terre s’avère bien difficile à appliquer.
Dans son livre « Le Kouzari », Rabbi
Yéhouda Halevi commente cette notion: « après que le sage juif eut expliqué au roi des
Khazars la nécessité vitale d’Erets Israël pour la nation d’Israel, le roi répondit : lorsque
vous êtes sans terre, vous êtes comme un corps sans tête. » Le sage reconnut la justesse
des propos du roi. Car il est vrai que sans notre terre nous n’existons pas, nous sommes
comme des ossements desséchés (livre 2,28-29).
Le Gaon de Vila rajoute: « nos ossements
se sont desséchés, pas seulement desséchés mais aussi dispersés, pas seulement
dispersés mais aussi pourris. Durant notre long exil, il ne reste du corps de la nation qu’un corps
en putréfaction et ce, du seul fait de cet exil. Nous n’avons plus de foyer! (Likoutey Agra,
fin du sifra desniouta). Le Maharal de Prague présente les trois paramètres de
l’exil: le peuple doit être hors de sa terre, dispersé parmi les nations et servir autrui. A
l’inverse, un peuple aspirant à devenir naturellement une nation a besoin que sa terre soit
sienne et d’être un peuple uni et independant (Netsah Israel chap.1) Il ne s’agit pas d’une
simple existence nationale, mais bien de pouvoir encourager l’ensemble de l’humanité à
dévoiler l’image divine sur le visage humain. Nous restons, nous, peuple d’Israël, celui
de l’espérance!